« A partir de ce point, on peut considérer que chaque mille que je parcours me rapproche de chez moi. J’ai cessé de m’éloigner de la maison » se réjouissait Bernard.
Cette aventure qui peut paraître quelque peu surréaliste mérite une petite explication.
Un fuseau horaire est une zone de la surface terrestre où l'heure adoptée est identique en tout point. Généralement, un fuseau horaire suit plus ou moins l'heure solaire du méridien central qui divise le globe en deux hémisphères. Ce système a été proposé en 1876, avec le méridien de Greenwich comme origine des temps, la ligne de changement de date au méridien 180° (est et ouest), et en divisant le globe en 24 fuseaux horaires de même taille.
Les horaires légaux sont basés sur le temps universel coordonné (UTC), auquel est ajouté ou soustrait un certain nombre d'heures. Chaque jour à minuit, dans tous les fuseaux horaires, il est nécessaire de changer de date pour passer au jour suivant. Mais compte tenu de l'utilisation d'un méridien de référence pour ces fuseaux horaires, il existe également un méridien où, quelle que soit l'heure, il est nécessaire lorsqu'on le traverse d'ajouter ou de retrancher un jour, selon le sens de la traversée. Ainsi, quelqu'un voyageant vers l'est, comme c’est le cas de Bernard, et franchissant la ligne de changement de date, doit retrancher un jour. A l'instant précis où il est minuit sur la ligne de changement de date, toute la planète est à la même date.

Cheminées Poujoulat conserve la tête et ne cesse de creuser l’écart avec ses poursuivants. Les longs et ‘impressionnants’ surfs (25/28 nœuds) des deux dernières journées ne sont, pour l’heure, plus d’actualité. En effet, la dépression que Bernard avait réussi à ‘crocher’ s’essouffle et devant, c’est un énorme anticyclone qui s’installe. « J’essaie de garder de la vitesse le plus longtemps possible, tout en ménageant le matériel. L’anticyclone qui est en train de s’installer va compliquer les choses, normalement, je vais passer, même si je suis ralenti, je pense que Kojiro (Spirit of Yukoh) va réussir à tirer son épingle du jeu aussi, il est dans le même système que moi, mais à l’arrière de la dépression, quand je suis à l’avant. En revanche pour les trois autres, ça risque de se corser, même s’ils sont loin et que les choses peuvent évoluer. Ils devraient se prendre du nord est, fort et dans le nez, donc au près serré ! »
Ce matin, Cheminées Poujoulat était à 9700 milles de Norfolk. Il devançait Spirit of Yukoh de près de 600 milles. Un écart qui devrait continuer de grandir, Stamm affichant 12 nœuds au compteur, quand le Japonais était à 7 nœuds. Bien qu’il traverse dans la bien nommée ‘vallée des icebergs’, Bernard estime être suffisamment au nord pour éviter les mauvaises rencontres…